Mes commentaires sur les sondages du 18 mai

Deux sondages publiés hier, apparemment contradictoires, ont attiré mon attention.

Le premier porte sur la cote de confiance mesurée par le baromètre d'Elabe pour Les Echos et Radio Classique. La cote est mesurée à 45% pour Emmanuel Macron et 36% pour Edouard Philippe (la faible cote de confiance de ce dernier étant à nuancer, car 21% de personnes se déclarent sans opinion, s'agissant d'un Premier Ministre encore largement inconnu du grand public). L'institut souligne le caractère historiquement bas de ces cotes de confiance en début de mandat présidentiel, en d'autres termes la disparition du fameux "état de grâce" que le Président avait lui-même annoncée.

Le second porte sur les intentions de vote aux élections législatives, mesurées par OpinionWay pour Les Echos et Radio Classique également. Ce sondage donne La République en Marche en tête avec la majorité absolue des sièges, soit 280 à 300 sur 535 (l'Assemblée nationale compte 577 sièges, mais le sondage porte uniquement sur la France Métropolitaine hors Corse), et 27% d'intentions de vote, loin devant ses concurrents.

En d'autres termes, en apparence les français s'apprêtent à confirmer leur confiance à un exécutif auquel ils ne font pas confiance... Quelques tentatives d'interprétation de cette apparente contradiction.

En premier lieu, les 27% d'intentions de vote pour La République En Marche restent inférieurs aux 36% et 45% d'indice de confiance de l'exécutif (au passage, rien ne dit que les 45% d'Emmanuel Macron recouvrent la totalité des 36% d'Edouard Philippe...). On peut donc considérer que LREM ne fait pas tout à fait le plein des électeurs qui accordent leur confiance au tandem exécutif, au moins au premier tour.

En second lieu, on peut légitimement penser que nos concitoyens souhaitent laisser définitivement derrière eux les mauvais souvenirs de cohabitation : l'élection du "monarque républicain" constitue le moment fort de notre vie démocratique, on conçoit mal de ne pas lui confier la majorité parlementaire lui permettant de mettre en oeuvre son programme. On constate ainsi sans doute un léger effet de transfert, au regard du 1er tour de la présidentielle, entre les autres grands mouvements politiques présents aux législatives et LREM (léger repli pour le FN notamment à 20%, effet de transfert par ailleurs entre la France insoumise (14%)et le parti socialiste qui à 11% reste bon 5ème du classement).

On peut également proposer l'interprétation selon laquelle les français accordent une confiance limitée dans nos gouvernants, mais une confiance encore plus limitée dans les autres grands courants politiques, qui n'ont pas brillé par leur hauteur de vue et leur fair-play ces derniers temps, convenons-en. Cumulée avec la remarque précédente, cette interprétation nous conduit tout naturellement à confier la majorité souhaitée au Président, que ce soit "En Marche" ou "A Reculons".

En synthèse, si ces sondages (qu'il convient toujours d'interpréter avec une grande prudence) devaient se confirmer dans les urnes, tout cela traduit me semble-t-il une forme de maturité politique des français (les états de grâce de nos précédents présidents ont d'ailleurs été suivis de chutes spectaculaires dans les premiers mois de leurs quinquennats respectifs), une distance critique teintée de curiosité pour cette tentative de recomposition et d'un sens des responsabilités dont on ne peut que se réjouir, notre pays ne pouvant à mon avis supporter une nouvelle cohabitation.

Je vous invite à lire le détail de ces sondages via les liens ci-dessous.
 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Macron – Philippe, un ticket chic et choc à la tête du Pays

Mon analyse de la séquence présidentielle

Remaniement : le plongeon ou le rebond ?