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Affichage des articles du mai, 2017

Le traitement médiatique du Front National

Je voudrais évoquer dans ce billet un sujet qui me tient à cœur, à savoir le traitement médiatique du Front National. Mon sentiment général pourrait se résumer ainsi : de nombreux journalistes, notamment télévisés, croyant affaiblir ou contrecarrer le Front National en le critiquant plus ou moins ouvertement et subtilement, ne font en réalité que le renforcer. Le Front National a construit une partie de son succès sur un discours anti-establishment, une notion attrape-tout qui englobe dans une seule et même opprobre le pouvoir médiatique, les élites administratives, le monde de la finance, « l’UMPS »… bref le fameux système (dont je vous invite absolument à lire l’excellente interview sur Slate.fr ). Soyons clair, quel que soit le caractère outrancier du propos, si ce discours séduit autant, c’est qu’il comporte une part de vérité. Au sein de l’intelligentsia journalistique,   c’est parfois à qui brillera le plus dans l’exercice consistant à « se payer » le FN. Les journaliste

Spoil system

Le Président Macron a annoncé sa volonté de mettre en place un « spoil system » à la française, du nom de cette pratique américaine consistant, pour chaque nouveau Président, à remplacer dès son arrivée la plupart des hauts fonctionnaires à la tête des grandes administrations. L’objectif de cette pratique, qui pourrait concerner quelques centaines de postes, est de s’assurer de la loyauté des patrons d’administrations afin de permettre la bonne mise en œuvre de la politique gouvernementale. La pratique n’est pas entièrement nouvelle, une sorte de spoil system soft existant d’ores et déjà. Néanmoins, la perspective de son officialisation lui donne une nouvelle dimension qui fait figure de mini-révolution dans un pays qui tend parfois à considérer que les fonctionnaires, protégés par le statut de la fonction publique, ont pour rôle de préserver l’intérêt général et la permanence de l’action de l’Etat par-delà (voire contre) les alternances politiques. Une sorte de primat de l’Etat d

Mes commentaires sur les sondages du 18 mai

Deux sondages publiés hier, apparemment contradictoires, ont attiré mon attention. Le premier porte sur la cote de confiance mesurée par le baromètre d'Elabe pour Les Echos et Radio Classique. La cote est mesurée à 45% pour Emmanuel Macron et 36% pour Edouard Philippe (la faible cote de confiance de ce dernier étant à nuancer, car 21% de personnes se déclarent sans opinion, s'agissant d'un Premier Ministre encore largement inconnu du grand public). L'institut souligne le caractère historiquement bas de ces cotes de confiance en début de mandat présidentiel, en d'autres termes la disparition du fameux "état de grâce" que le Président avait lui-même annoncée. Le second porte sur les intentions de vote aux élections législatives, mesurées par OpinionWay pour Les Echos et Radio Classique également. Ce sondage donne La République en Marche en tête avec la majorité absolue des sièges, soit 280 à 300 sur 535 (l'Assemblée nationale compte 577 sièges,

Mes réactions à chaud sur la composition du Gouvernement

Sur proposition du Premier Ministre, le Président a procédé ce jour à la nomination du Gouvernement. Quelques réactions à chaud : Pari réussi sur la parité et le renouvellement, l’intégration de la « société civile » (qui ne l’est plus à l’instant même où elle intègre la « société politique », soit dit en passant). Beaucoup de visages et de noms inconnus. Reste à démontrer que ce n’est pas une fin en soi Pari semi-réussi sur la recomposition. La participation du Modem était acquise. Le nombre de ministre LR est limité, on a l’impression que les « débauchages » ont été difficiles, mais la relative pénurie est gérée intelligemment en la concentrant sur les ministères économiques et financiers, ce qui apporte un effet « force de frappe » incontestable Pari réussi pour le Modem, qui n’a plus grand-chose à envier à EELV dans l’art de la surreprésentation au gouvernement au regard de son poids électoral Beaucoup d’interrogations dans les médias ce soir sur la compatibilité entre Nicol

Macron – Philippe, un ticket chic et choc à la tête du Pays

Soyons clairs d’entrée de jeu, le propos de ce billet est de se réjouir de la nomination d’Edouard Philippe au poste de Premier Ministre d’Emmanuel Macron. Oui, je sais, par les temps qui courent, ce n’est pas très sexy de se réjouir de la perpétuation au sommet de l’Etat de l’élite de cette « énarchie » que l’on aime tant détester (les deux sont sortis dans « la botte », comme on dit, et ont intégré respectivement le Conseil d’Etat et l’Inspection des Finances, deux des corps les plus prestigieux). Il est vrai que la mainmise des diplômés de l’ENA sur l’appareil politique, et la reproduction sociologique qu’elle porte, sont à l’origine sans doute de certains des maux que traverse notre pays, à commencer par la fameuse coupure entre « le peuple » et « les élites ». Je ne crois pas pour autant au déterminisme, en l’occurrence à l’idée que tout énarque serait par définition entaché d’un « péché originel » qu’il serait impossible de laver une fois son diplôme en poche. Allons plus loi