C'est parti pour 5 ans

Pas de grande surprise ce soir à l'annonce des résultats du second tour des législatives. Comme annoncé, le gouvernement et le Président disposeront d’une majorité confortable. Quelques réflexions sur cette nouvelle assemblée mais avant quelques faits notables de la soirée :
  • L’abstention historique de 57%, historique pour les législatives ; jamais une bonne nouvelle évidemment, mais moins alarmante qu’il y paraît : moins qu’une profonde défiance, ce score illustre à mon avis chez de nombreux abstentionnistes, à la fois la conviction que le résultat était joué, et le primat accordé à l’élection présidentielle
  • On avait presque fini par croire à son personnage adouci de la présidentielle, mais le masque n’en finit plus de tomber depuis : Jean-Luc Mélenchon franchit ce soir allègrement les limites de l’indécence démocratique et intellectuelle en se réjouissant ostensiblement de l’abstention, qu’il considère bien évidemment comme une manifestation d’opposition au gouvernement et donc, de soutien à son programme et à sa personne (3% de votes ce soir). L’autocrate se réjouit par ailleurs sans sourciller de disposer à l’Assemblée d’un groupe France insoumise « discipliné ». La France insoumise, c’est lui. Les autres n’ont qu’à bien se tenir.
  • Les temps sont durs pour le PS avec 6% des suffrages. Le parti reste toutefois numéro 1 des partis situés plus à gauche que LREM puisque la France insoumise est à 3% et le PCF à 1,3%. Les plus centristes de ses membres ayant suivi ou tenté de raccrocher LREM, le parti socialiste constitue donc à mon sens le socle privilégié d’une future gauche d’opposition qui, à long terme, pourrait les rapprocher davantage de la France insoumise voire du PCF que de LREM. Autrement dit, ceux qui voulaient changer le PS (au moins son nom) ayant fini par le quitter, celui-ci va de nouveau pouvoir assumer son « socialisme ».

Sur le fond, quelques remarques maintenant sur cette nouvelle assemblée :
  • Je rejoins les déclarations récentes du Premier Ministre sur la nécessité d’une dose de proportionnelle (entre 10 et 20%, pas plus) afin, sans trop menacer la logique majoritaire, de permettre une plus juste représentation du vote des électeurs. Le FN est à 8 députés à l’heure où j’écris ces lignes, pour plus de 10% de votes, je considère que sa sous-représentation induit les mêmes effets pervers que son traitement médiatique. Il vaut mieux que l’opposition s’exprime dans le système qu’en-dehors, casser le thermomètre n’a jamais guéri le malade.
  • On attend avec impatience de voir comment vont se comporter ces « nouveaux députés » LREM. Je ne crois pas pour ma part, comme on nous l’annonce parfois, à un Parlement « aux ordres », du fait de l’inexpérience de ses membres ; je crois plutôt, pour autant que la « société civile » ait vraiment fait irruption sur la scène politique, que ses représentants assumeront une liberté de ton et d’action et que Christophe Castaner, Secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, aura bien du mal à canaliser : souhaitons-lui du courage, il en aura besoin ! Pour autant, le manque de discipline que je pressens fera du bruit médiatiquement, mais il n’empêchera pas le gouvernement d’avancer compte tenu de l’ampleur de sa majorité


Nous y sommes donc maintenant, le Président a les coudées franches pour 5 ans. La page qui s’ouvre est sans doute la plus intéressante de la vie politique française depuis 1981. Ayons une pensée émue (et secrètement jubilatoire !) pour les vieux croulants qui n’ont voulu voir le monde changer autour d’eux et doivent aujourd’hui se mordre les doigts d’avoir misé sur leurs appareils politiques désuets.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Macron – Philippe, un ticket chic et choc à la tête du Pays

Mon analyse de la séquence présidentielle

Remaniement : le plongeon ou le rebond ?