"Pognon de dingue"

Avec la réactivité habituelle qui me caractérise, sans plus attendre, ma réaction sur "l'affaire du pognon de dingue", vous savez cette vidéo opportunément diffusée sur le compte Touittère de la Directrice communication de l'Elysée dans laquelle notre Président fustige l'efficacité de notre système social.

Et comme en plus d'être réactif, je me sens (en fait pas) très courageux pour écrire un long article sur le sujet, je vais résumer ma position en quelques phrases et l'étayer par quelques citations. Evidemment j'ai été agacé par la caricature qui s'est concentrée sur la première partie de la phrase en omettant la seconde : "on met un pognon de dingue et les pauvres restent pauvres", ce qui est juste la réalité de notre système de solidarité qui profite au bas de la classe moyenne mais absolument pas aux plus démunis.

Certains ont opportunément retenu que le "Président des riches" trouvait que l'on dépensait trop d'argent sur le social, point barre. C'est vrai quoi, toutes ces dépenses inutiles financées par les impôts des riches, quel gâchis. Le propos de Macron pris dans son ensemble me semble davantage pointer un problème d'efficacité de la dépense publique qu'une lutte de classes.

[En aparté, une brève de comptoir ou plutôt une "brève de TER", entendu il y a quelques semaines un passager expliquant à son voisin anglais que Macron avait lui même déclaré et assumé "je suis le Président des riches", intéressant les effets du matraquage médiatique].

Je n'irai pas plus loin personnellement, je citerai plutôt Agnès Buzyn et Nicolas Bouzou.

La première, Ministre de la Santé sur le plateau des "4 vérités" le 14 juin, relayée par le Huffington Post : "Le président fait un constat que nous pouvons tous partager, qui est que aujourd'hui, alors que nous avons progressivement mis plus d'argent sur les aides sociales pour contrecarrer le chômage, nous n'avons pas réduit la pauvreté". "Chacun son style", a-t-elle finalement conclu.

C'est bien là le sujet, Macron assume une com à la Sarkozy, un style direct qui permet la focalisation sur un sujet, façon "Karcher". Profitons de la forme pour parler du fond, vraiment. Ce que fait l'économiste Nicolas Bouzou dans une tribune publiée dans Le Figaro, ici, que je vous invite vivement à lire (mais je sais que vous ne le ferez pas, car ça supposerait 1. que vous cliquiez sur un lien menant vers le site du Figaro, et ça je vous connais, pour la plupart d'entre vous c'est inconcevable, et 2. que vous vous abonniez encore en plus, ce qui aura raison des plus téméraires). Pour ma part j'ai chopé ce numéro dans l'avion, je peux donc reprendre le passage qui me semble le plus intéressant de cette tribune intitulée "Pognon de dingue : pourquoi  Macron a raison sur le fond et sur la forme" :

"Pour les socialistes, la justice s'assimile à l'égalité. Ainsi, la redistribution des revenus et des patrimoines est toujours bonne et la progressivité des impôts doit toujours être renforcée. Pour un libéral comme l'auteur de ces lignes (et, d'après ce que j'en comprends, comme le Président), la justice s'assimile à la capacité qu'ont les plus fragiles à progresser dans l'échelle sociale. Ainsi, un système égalitariste qui rive les individus dans la pauvreté et le RSA est injuste. En revanche, un système qui permet au plus grand nombre de travailler est juste, même si certains emplois sont mal payés, car il ouvre des perspectives d'émancipation (...). Dans une optique libérale, une politique de soutien aux plus fragiles ne consiste pas à verser l'aumône ad vitam aeternam aux plus pauvres, mais à les aider vraiment : améliorer le fonctionnement du marché du travail, construire de nouveaux logements, améliorer notre système éducatif, renforcer la formation professionnelle... Certes, adopter ces mesures demande un peu plus d'audace intellectuelle et de courage politique qu'alourdir la dépense publique et les impôts. Mais elle adresse davantage de respect et de vraie solidarité aux membres les plus fragiles de notre société".

Voilà deux explications de texte convaincantes du raccourci présidentiel.

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