La France va-t-elle faire défaut sur sa dette ?
Cela semble désormais évident, la
France va faire défaut sur la dette. Certains économistes ont depuis longtemps
mis en évidence cette nécessité comme seule issue possible de notre situation
budgétaire. Mais subsistait le verrou de la crédibilité vis-à-vis des prêteurs :
comment emprunter à nouveau pour l’avenir lorsque l’on vient de signifier que l’on
ne pouvait considérer la signature de la France comme fiable à 100% ? A
minima, au prix d’une revalorisation excessive des taux d’intérêt.
La crise sanitaire fournit la
fenêtre d’opportunité décisive à cette issue en même temps qu’elle en rend le
besoin plus prégnant encore. D’une part, les finances publiques ne sont pas en
capacité d’intervenir à un niveau suffisant pour soutenir l’économie française
le temps que durera la crise économique qui résulte de la crise sanitaire. Elle
ne le seraient qu’au prix d’un nouvel endettement qui accroîtrait encore l’impact
des charges de la dette à l’avenir, et réduirait encore les marges de manœuvre pour
restaurer les priorités d’intervention publique, dans un contexte où l’Etat a
largement démontré, par le passé, son incapacité à redéployer avec suffisamment
de souplesse et d’agilité ses moyens d’intervention. Dans ce contexte, point de salut sans
défaut, qui fournira la bouffée d'oxygène nécessaire.
D’autre part, la crise sanitaire
fournit une justification objective vis-à-vis des prêteurs : une
justification satisfaisante, sans doute pas (le non-respect d’un contrat peut
rarement être justifié de manière satisfaisante), mais une justification, du
fait du caractère exceptionnel des circonstances, qui entame moins la
crédibilité de la France pour l’avenir et donc sa capacité à emprunter de
nouveau.
Que mon propos soit clair : je
ne dis pas que le défaut sur la dette est en soi une chose bonne ou
souhaitable. Je me désolerais que mon pays ne soit pas en capacité d’honorer
ses engagements. Mais je crains que cette issue soit désormais inéluctable. L'important est de ne pas s'en tenir là et de se servir de cette marge de manœuvre pour restaurer durablement la gestion de nos finances. Ce qui ne veut pas dire ne plus s'endetter, mais s'endetter à l'avenir raisonnablement, et asseoir la capacité de l'Etat à intervenir de manière plus souple et adaptative en fonction des priorités réelles de l'action publique.
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